Jacquy est décédée.
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Jacquy est décédée lundi 20 janvier 2025. Infarctus. Sa crémation a eu lieu Vendredi 24 janvier à Tonneins. De nombreuses personnes ont assisté à l'hommage que lui ont rendu Laurence Sadys et Julie Balout.
Michel Crehen a lu le texte suivant:
Jacquie.
Tout d’abord, je pense qu’il faut rappeler ce qu'était l'Ecole Normale mixte d'Agen de 1969 à 1974, que nous en sommes la dernière promotion entrée en seconde, que nous étions internes, nourris, logés, que nous ne coûtions rien à nos parents et que nous avons
perçu un salaire pendant deux ans après le bac pour apprendre notre métier.
Nous étions après 1968 : parfois c'était l'ébullition et ça partait un peu dans tous les sens. Mais avec le souci, l'envie et la rage de bien faire.
Je pense qu'il faut rappeler que nous venions du Tarn, du Tarn et Garonne, du Lot-et-Garonne, des Landes, du Lot.
Certains d'entre nous avaient des parents paysans, beaucoup des grands-parents paysans. Certains d'entre nous des parents ouvriers algériens de l'usine de Fumel. Certains d'entre nous étaient enfants de mineurs de Carmaux, enfants d'ouvriers de la fonderie Gilbert de Casteljaloux. (C’est là que travaillait le père de Jacquie qui lui a légué le goût du travail bien fait.)
Et Jacquie était comme un poisson dans l'eau parmi nous. Elle était belle, joyeuse, dynamique, pleine de vie, de rire, de chants, de jeux. Toujours partante pour vivre sa vie à fond. Elle faisait partie des insouciants de 16 ans qui jouaient encore à « chat perché » aux récréations et qui, plus matures, défilaient dans les manifestations agenaises 2 ans plus tard.
Elle aimait faire des stages dans les classes. Elle a aimé être instit. Elle aimait être et faire avec ses élèves et leurs parents. Et elle savait faire la classe.
Beaucoup de ses anciens élèves l'ont aimée et en parlent encore avec respect et affection.
Ce qu'il faut rappeler c'est que Jacquie n'a jamais oublié que par sa mère et son grand-père maternel elle était la fille et la petite fille de républicains espagnols, chassés d'Espagne par Franco et réfugiés en Lot-et-Garonne à Casteljaloux, à une époque où de nombreux Français ne voulaient pas de migrants espagnols sur le territoire national.
Toute sa vie durant, dans son métier et dans les associations laïques où elle a été bénévole, elle a porté et défendu des valeurs républicaines qui méritaient d'être portées et défendues et qui aujourd'hui encore dans le monde qui vient méritent et mériteront
d'être portées et défendues.
« Les morts vivent tant qu'il y a des vivants pour penser à eux. » (Emile Henriot)
Merci Jacquie pour ton altruisme, ton humanisme que tu nous as partagé et transmis à travers ton enseignement. Cet enseignement était d'ailleurs manifestement plus qu'une fonction, c'était une véritable passion. Une passion non seulement belle à voir, mais surtout contagieuse.
Tu ne cessais de redoubler d'inventivité pour nous ouvrir les yeux sur le monde, stimuler notre curiosité. Et cette passion si forte pour l'histoire, c'est avant tout à toi que je la dois, à ton amour pour le partage, à ton attachement si humain et rigoureux aux plus beaux principes de l'enseignement.
Tu as sans relâche cherché à t'assurer que tout le monde trouve sa place, que personne ne soit laissé au bord du chemin. Nous étions comme en famille à l'école et cette ambiance si rare, si précieuse, c'est toi qui l'a créé, qui l'incarnait.
Merci d'avoir été un repère, un exemple, une source d'inspiration. Je te dois tant que ce merci est bien sobre.
Cette reconnaissance que tu savais manifester à chaque élève, nous sommes, j'en suis certain, beaucoup à la ressentir à ton égard. Tu peux partir sereinement avec la certitude d'avoir beaucoup accompli, merci Jacquie et bon chemin pour ton dernier voyage.
Vincent Arpoulet